La chaîne TV pour l'économie et l'emploi

Le projet d'une chaîne TV pour l'économie et l'emploi !


Audiovisuel français : le « chaînon » économique manquant

Notre cher vieux pays est incroyable, aussi génial, en général, que lamentable parfois (hélas, trop souvent). Car, quoi, il a été pionnier dans l'industrie aussi bien que dans la législation sociale. Or il « patine » désormais sur ces deux terrains, qui ne vont pas l'un sans l'autre. Comme s'il ne pouvait plus marcher sur ses deux jambes : patrons conservateurs contre syndicats non moins partisans du statu quo. Les deux s'opposent comme des taureaux, sans se parler de manière constructive, en déposant, pour un temps, leurs vieilles rancœurs qui remontent au XIXème siècle. Certes, nul n'ignore que dans la coulisse il en va autrement mais, « officiellement », sur la scène théâtrale nationale, les rôles sont bien réglés. On croirait avoir à faire aux pires ennemis qui soient. On se regarde en chiens de faïence, pensant toujours que l'autre ne songe qu'à vous rouler, ce qui n'est peut être pas faux mais ne devrait pas empêcher la convivialité et, plus encore, de faire passer l'intérêt national avant l'intérêt partisan.

Inutile d'épiloguer. Chacun connait ce blocage français, à fondement politique, qui ruine l'avenir du pays. Selon un scénario bien rodé : les patrons hurleront toujours (parfois avec raison) contre les contraintes sociales quand les syndicats de salariés, eux, à quelques exceptions près tenteront de nous faire croire que, pour une même mesure fut-elle « raisonnable » on revient au servage, au Moyen Age. Tristes tropiques.

Politiciens « plombés », patrons conservateurs, syndicats bloqués : que faire ?

Mettre cartes sur table, tout simplement. A savoir ? Ouvrir les yeux et bousculer ce monde figé, qui n'a pas bougé depuis près d'un siècle. Nous n'en prendrons qu'un seul exemple, mais sans doute pas le seul : celui de l'audiovisuel national.

La France met à la disposition de ses citoyens des dizaines de chaînes de télévision, de la meilleure à la pire. Chaînes généralistes, chaînes d'info continue, chaînes culturelles, chaînes d'Histoire, de sport, chaînes dédiées à la cuisine, au cheval, chaîne ciblée sur tout et n'importe quoi ; chaînes privées, chaînes publiques ; chaînes du Sénat et de l'Assemblée Nationale... Bref, une belle palette audiovisuelle, qui peut faire illusion pour ceux qui sont atteints de myopie intellectuelle. On y trouverait tout ce que l'on cherche. Voire.

Cependant n'avez-vous pas remarqué qu'alors que la France compte plus de 3,5 millions chômeurs, aucune chaîne ne soit consacrée à l'économie et à l'emploi ? Quand notre balance commerciale est chroniquement déficitaire, aucune n'est la vitrine de la France pour mettre en exergue ses réalisations techniques, la compétence de sa main d'œuvre, « Etonnant n'est il pas ? », diraient nos voisins anglais...Pas une seule chaîne qui soit consacrée au souci quotidien et premier des Français : l'économie et l'emploi ? On marche donc sur la tête. Ce n'est plus le pays de Descartes ni de Colbert. C'est un pays d'aveugles qui regardent docilement les étranges lucarnes, le nez collé à l'écran. Sans recul ni compréhension, ni réflexion collective ; passivement. Il ne réclame pas les services que l'audiovisuel devrait lui rendre en priorité ; il subit le P.A.F (paysage audiovisuel français) béatement. Le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel (C.S.A) ? Il contrôle, filtre, sanctionne, mais ne crée pas, n'impulse pas. Ce n'est d'ailleurs pas son rôle.

En revanche, tel est le rôle du « privé » : une initiative et, surtout, le rôle du responsable du conglomérat France Télévisions, si tant est qu'il (ou elle) incarne l'imagination au pouvoir, ce qui est loin d'être le cas, d'expérience : Quand la France est en désespérance économique et sociale (sans véritable motif), Delphine Ernotte, au lieu de créer le chaînon manquant dans sa pléiade de chaînes pour répondre au besoin (auquel l'initiative privée elle-même ne répond pas), elle prend la roue du tout venant, bien que venant du monde de l'entreprise.

Il y a trois chaînes d'informations continues ? Elle en créé une quatrième... Pourquoi pas ? Mais déjà, « pourquoi ? » quand les chaînes privées se copient les unes les autres pour nous servir le même plat.

Les pouvoirs publics, quoiqu'on en dise, ont barre sur l'audiovisuel. C'est donc à eux dès lors de mettre leur poids dans la balance dans l'intérêt national... s'ils n'étaient pas eux-mêmes autistes, comme on le voit dans d'autres domaines.

La vitrine de notre économie

Une chaîne de télévision nationale consacrée à l'économie ? Xavier Niels vous répond : « Il y a BFM/Business ». Sans doute. Un peu. Mais cette chaîne privée est surtout orientée vers la finance. Elle ne correspond pas aux besoins premiers du pays. Surtout dans une optique de service public. Place, donc, à une véritable chaîne d'intérêt national et général qui réponde à une nécessité vitale et immédiate.

Cette chaîne aurait deux objectifs : être la vitrine de l'économie de la France et être le lieu de rencontre des offres et demandes d'emploi, pour ajuster au maximum les unes aux autres quand tant d'offres restent sans suite.

La vitrine de l'économie française ? Elle donnerait des idées et des envies aux pays étrangers (et redonnerait le moral aux Français plongés dans le doute). En évitant d'être ennuyeuse, elle diffuserait des reportages sur nos industries et technologies de pointe ; sur notre savoir-faire de près de deux siècles. Elle se plongerait dans nos P.M.E nouvelles ou anciennes, elle revisiterait nos réalisations passées, comme gage de qualité. Cette chaîne, sans concurrence actuelle, donc en pointe, donnerait rendez-vous à nos agriculteurs et à la qualité de leur travail. Idem dans le tourisme et les trésors paysagers ou architecturaux de la France. Alors qu'actuellement, on ne voit que des documentaires, forcément courts, sur des chaînes généralistes qui ont bien d'autres choses à montrer (surtout des divertissements). Elle pourrait, en outre, être partiellement reprise par TV5 Monde ou France 24 pour lui assurer une visibilité internationale.

La chaîne de l'emploi ? On subodore de suite l'ennui. Mais tout dépend de la présentation. Les millions de chômeurs, au lieu de regarder les émissions bla-bla-bla sur les jeux, la chanson etc. en synergie avec le volet économie, travaillerait avec Pôle Emploi pour faire la somme des offres et des demandes, région par région, département par département, prolongée par internet, pour ceux qui y ont accès, avec l'appui de ses agences locales, stimulées par l'enjeu qui est celui de tout le pays.

Adossée à un Pôle Emploi revigoré, ou au Conseil Economique Social et Environnemental (CESE) sinon les deux, cette chaîne répondrait à un besoin. D'autant que la matière est incommensurable, passionnante. Patrons, syndicalistes, économistes libéraux ou keynésiens pourraient y prendre la parole. En outre chaque région aurait intérêt à y montrer le meilleur d'elle-même.

Mais on s'attend à la question inévitable pour tout bloquer : son coût. Y avez-vous songé ? Naturellement pour de l'économie. Toutefois y avait-t-on réfléchi pour les autres chaînes nationales, qui ne répondaient pas au souci et au besoin de la nation ? Pour celles-là pas ; c'était inutile, leur vocation étant le plaisir, la distraction, l'argent... En revanche, pour un secteur toujours inexistant, qui répond à une véritable mission de service public, on va regimber, discuter sur son financement sou à sou.

Palabres de salonards car il y a dans la nébuleuse France Télévisions une chaîne de trop, que l'on peut vider de son faible contenu : France 4, pour lui substituer un projet de poids.Le créneau existe donc déjà ; on se garde de demander combien il coûte. Dès lors une chaîne innovante, que l'on pourrait nommer « France Economie Emploi » peut exister, dès demain, avec le concours des forces vives du pays qui pourront enfin apprendre à dialoguer concrètement et mettre en avant , volens nolens, l'intérêt des sujets économiques, au même titre que les sujets politiques, juridiques, sociaux, culturels etc.Est-ce un rêve que d'espérer un bouleversement dans le P.A.F, qui serait suivi d'imitations privées concurrentes ? Un peu, probablement, parce que les Américains ne l'ont pas fait les premiers et qu'il faut toujours les singer ; non les précéder. Souvenons-nous de la révolution que fut C.N.N.Tout le monde, ensuite, lui a emboîté le pas.

Le déclinisme est un sport national ; une bonne partie de nos élites n'a plus foi dans la nation française. Surtout, pas de risque ! Mais où est le risque ?

Tous les dirigeants en place du pays, interrogés sur un tel projet se sont bien gardés de répondre. Ils préfèrent, comme des écureuils, faire tourner la roue dans leur cage traditionnelle, ménager leur carrière tracée à l'avance.

Certes, il existe de nombreuses « starts up » capables de palier à cette carence en France. Mais elles n'ont pas les moyens financiers d'une telle création au service de notre économie. Seul France Télévisions l'a... pour créer la énième chaîne d'info inutile. Non pour servir une grande cause nationale pour les entrepreneurs et les chômeurs.

Pierre Bercis