Pour une réforme des Prud'hommes

Sacré code du travail


Le Code du travail en France ressemble à une vache sacrée en Inde, ou à la Déclaration des droits de l'Homme (française ou universelle) : intouchable.

Il a beau ressembler à un « mille feuilles » et ne plus coller à l'économie moderne, c'est être un abominable réactionnaire, un suppôt du patronat, voire un renégat de la gauche que de vouloir le rendre, à l'ère du tout numérique, opérationnel.

Il est l'exemple même du conservatisme le plus archaïque, politique et syndical.

Comme dans bien d'autres domaines, certains s'arrogent les mérites de la vertu, à l'instar du geai de la fable de La Fontaine se parant des plumes du paon, pour rejeter dans un mépris abyssal ceux qui ne sont pas en accord avec eux. De la même façon que les tenants de l'Ancien régime ou des dictatures contestaient la liberté d'expression de la jeune gauche naissante. Les maîtres « savaient », eux, ce qui est bon, ce qui est la vérité. Idem aujourd'hui pour une certaine gauche, surtout syndicale, sclérosée et prétentieuse.

Pour ce qui concerne la réforme actuelle du Code du travail, de quoi s'agit-il ? De le simplifier, de le rendre lisible par tous, patrons et travailleurs ; d'en réviser les cotés les plus stérilisants pour une économie en perpétuelle mutation.

Certes, le MEDEF ne facilite pas la tâche de nos dirigeants avec ses promesses mensongères (Gattaz promettant un million d'emplois) ou son comportement d'Harpagon s'emparant de 40milliards d'Euros pour créer des emplois... qu'il ne créé pas. D'où la légitime méfiance des syndicats. Mais pas au point pour ceux-ci de faire du Woody Allen, (surtout pour la CGT et FO) : « La réponse est non. Au fait quelle était la question ? »

Les 35 heures doivent demeurer la pierre angulaire de la durée hebdomadaire du travail. Cependant, elles doivent être aménagées dans l'intérêt du pays, et d'abord des salariés qui doivent, volontairement, y gagner.

Le référendum dans l'entreprise ? Une bonne initiative quand des syndicats devenus aussi squelettiques que les partis politiques par leur excès, leur sclérose ne collent pas plus au monde contemporain, au risque de disparaître et que l'aide progressiste de la société ne soit plus représentée à l'avenir, ne laissant place qu'à une droite revancharde.

Ce sont les salariés qui sont demandeurs, comme tous les Français voulaient, il y a cinquante ans, élire le chef de l'Etat, selon le souhait de de Gaulle contre l'avis des partis de l'époque.

La réforme du contrat de travail ? On doit négocier, trouver un modus vivendi. Pour qui observe la vie économique, ses formes actuelles (pas toutes) sont un blocage. Combien de chefs d'entreprises hésitent à embaucher par peur d'être pieds et poings liés lorsque (toujours le bon Jean de la Fontaine) « les cigales ayant chanté tout l'été, la bise fut venue ».

En premier lieu, il faut imposer aux Prud'hommes d'être présidés (comme les cours d'assises populaires) par un magistrat professionnel qui fasse respecter le Droit. On sait qu'actuellement, 80% des employeurs sont condamnés, comme si 80% des chefs d'entreprise étaient des voyous.

La pratique actuelle contraint nombre de P.M.E, par des condamnations excessives moralement et économiquement, à mettre la clef sous la porte et à licencier la totalité de leur personnel.

On a même vu des associations sans but lucratif, à budget de quelques dizaines de milliers d'€uros, condamnées à verser 80.000 €uros à une salariée qui avait aligné auparavant plus d'une dizaine de mensonges diffamatoires, sans avoir à prouver quoi que ce soit, après s'être fait porter malade durant six mois (libre de circuler sept jours sur sept, vingt-quatre heures sur vingt-quatre) utilisant, après, le fichier des membres pour dénigrer son employeur.

Dans un tel cas de figure, ce n'est pas l'accusation qui a eu à prouver ses dires mais l'accusé présumé, selon le Droit « innocent ».

On marche donc souvent sur la tête, ce qui favorise les pays étrangers dans la concurrence internationale féroce qui se livre actuellement.

Le gouvernement actuel a donc eu raison d'ouvrir le débat. Ce qui est dommage, par contre, c'est qu'il soit sourd à notre proposition de créer une chaîne de télévision qui serait à la fois une vitrine de l'économie française et le lieu de publication de toutes les offres et demandes d'emploi, en liaison avec Pôle Emploi. Surtout si on logeait cette chaîne créative aux lieux et place d'une chaîne inutile comme France 4 pour des questions de coût.

Notre gouvernement préfère laisser créer par France Télévision une quatrième chaîne d'information dont l'urgence n'est pas patente.

Comprenne qui pourra.

Pierre Bercis